Le gouvernement français spécialiste du parachutage. J’ai été surpris par le changement de dirigeants à la tête de quelques uns des plus grands groupes français nationalisés. Anne-Marie Idrac, jusque-là présidente de la RATP, devient Présidente de la SNCF. A la RATP, cette dernière sera remplacée par Pierre Mongin, jusqu'à présent directeur de cabinet du Premier ministre Dominique de Villepin, dont il est un ancien camarade de promotion à l'ENA.
Le préfet Mongin, qui était déjà directeur de cabinet de M. de Villepin au ministère de l'Intérieur, n'avait pas jusqu'alors d'expérience dans le domaine des transports.
Autant on peut saluer l’arrivée d’Anne-Marie Idrac comme une « promotion » après 4 années à la RATP où elle a fait preuve de talents de chef d’entreprise, autant on peut se poser la question de l’expérience de Pierre Mongin. Pourquoi une entreprise privée investirait des années sur du personnel hautement qualifié, afin de se constituer un vivier de dirigeants potentiels, qui accèderont ensuite au poste suprême après avoir fait la preuve de leurs talents de managers à tous les niveaux de l’entreprise…et pourquoi est-il si facile d’être parachuté à la tête de la RATP.
Villepin et Louis XIV, l'état c'est moi!
Le gouvernement considère-t-il qu’il est au-dessus des lois humaines ?
Une expérience en préfecture est-elle un sésame qui permet du jour au
lendemain de savoir présider aux destinées d’une grande entreprise, de
ses dizaines de milliers de salariés ? Je me pose la question de la
bonne gouvernance : dans une entreprise, le processus de sélection d’un
dirigeant est complexe. Le conseil d’administration est chargé de cette
tâche délicate : trouver le meilleur dirigeant. Il faut faire valider
ce choix par des actionnaires. D’autres « parties prenantes » peuvent
influer sur ce choix : salariés, syndicats, gouvernement, les media…
Dans le cas de la RATP c’est le fait du Prince, ou plutôt de Dominique
de Villepin qui décide souverainement. La bonne gouvernance est
méprisée. Le processus de sélection est court-circuité. Les salariés
sont ignorés : le choix s’impose d’en haut, les « sujets » n’ont qu’à
s’incliner.
Tant que l’état ne montrera pas l’exemple de la bonne gouvernance, nous
n’aurons pas un développement durable créateur de valeur. Nous aurons
des dirigeants préoccupés avant tout de leur destin personnel, soucieux
de se maintenir au sommet d’organisations pour lesquels ils n’ont aucun
attachement durable. Dommage pour les salariés de la RATP, de la SNCF,
de Gaz de France… qui héritent de dirigeants issus du monde politique.
J'avoue ne pas percevoir clairement en quoi le maigre bilan de Madame Idrac à la tête de la RATP la désignait pour succéder à Louis Gallois.
Rédigé par : Bruno | juillet 25, 2006 à 07:56 PM